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3 novembre 2013 7 03 /11 /novembre /2013 21:08




Troisième partie


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AR C’HAP WARC’HOAZH


( Le Cap Demain )


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(Etude, Perspectives démographiques, Religion, Enseignement,
Habitat,Techniques nouvelles, Sociales, Santé, Politiques etc…) 


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Je crois avoir déjà dit que j’avais pu accéder à des sources privilégiées pour rédiger ce texte qui est le résultat de 2 années de recherche et de travail. Parmi ces documents je dois citer l’étude faite en 1997 par un jeune étudiant de l’université de RENNES 1, intitulé :
Quel projet de développement pour la communauté de communes du Cap-Sizun ? .
Cette étude a été faite dans le cadre d’une licence Administration économique et sociale, option développement local. Je suis parti du principe qu’un étudiant n’est pas plus bête que les autres et que l’auteur a pu écrire des vérités.

31 – l’étude faite par Alain Treussier

L’auteur, Alain Treussier, après avoir fait un diagnostic préalable, prend le risque d’imaginer un scénario pour une réflexion plus approfondie. A cet effet, il se projette en l’an 2017. Je lui laisse sa responsabilité. Voici sa vision des choses, imagination pure bien-sûr, comme toutes les études prospectives : 
-  La population est estimée à 11.500 habitants, soit une perte de 5.000 habitants par rapport au chiffre actuel de 16464. (Personnellement, je trouve cette estimation optimiste) 
-  Une agriculture nouvelle a vu le jour en liaison avec le tourisme vert 
-  La pêche a maintenu une situation d’équilibre 
-  L’énergie éolienne a pris une bonne place 
- Le réseau routier s’est amélioré par l’ouverture de la rocade nord de QUIMPER et la déviation de LANDUDEC. La déviation de PLOZEVET est enfin à l’ordre du jour. Depuis l’ouverture de la rocade à AUDIERNE, le port et les commerces connaissent un renouveau (contradiction avec mon appréciation personnelle concernant le désenclavement) 
-  L’étude de l’implantation d’une zone franche sur le territoire de la communauté de communes va être défendu au Parlement par un jeune député fraîchement élu et résidant à PRIMELIN
v La piscine a été ouverte à PONT-CROIX en 2007 
-  L’argent privé afflue sur le Cap-Sizun et le fossé s’est créé entre une population très riche issue de l’extérieur et le ‘’résidu’’ de la population capiste. Le retour au pays est rarement possible pour les personnes originaires du Cap souhaitant revenir vivre leur retraite dans leur pays de naissance. Les prix pratiqués sont prohibitifs. 

-   Une milice privée assure la protection des populations et se charge de la protection des manoirs et hôtels privés temporairement inoccupés. 
-  Il n’y a plus de friches dans le Cap-Sizun
- L’aménagement du port d’ESQUIBIEN et d’AUDIERNE est en voie d’achèvement (pour accueillir les bateaux d’une clientèle mondiale composée entre-autres de milliardaires) 
-  Tout est privé. Les petits artisans et commerçants ont tous disparus. Il ne reste que 2 entrepreneurs qui trustent l’ensemble des marchés 
-  Il ne reste qu’un collège privé 
-  Il ne reste à AUDIERNE que quelques équipages qui vivent très bien de leur travail, mais la criée vient de fermer ses portes l’année dernière en 2016 ; 
-  Le nombre de maisons abandonnées ou à vendre devient de plus en plus important et visible dans le paysage capiste 
-  Plusieurs grandes personnalités internationales du monde diplomatique ont acheté entre 1999 et 2015 plusieurs des belles demeures du Cap-Sizun.


°°°°°°

J’ai déjà dit que je laissais au rédacteur de ce document la responsabilité de ce qu’il a écrit. Il s’agit d’un travail d’imagination, d’un travail d’étudiant presque d’un scénario. Néanmoins, j’estime qu’il contient des éléments de réflexion. En conséquence, et à partir de l’analyse que je viens de faire, cinq points particuliers me paraissent intéressants:
les perspectives démographiques, l’évolution de la religion catholique, l’habitat, l’influence des techniques nouvelles , l’évolution sociale .

32 – Perspectives démographiques

J’ai presque traité le sujet dans le chapitre consacré à la démographie. Actuellement rien, strictement rien, dans le domaine du désenclavement, condition nécessaire à défaut d’être suffisante, pour assister à une implantation d’entreprises susceptibles de créer des emplois, ne permet d’imaginer une inversion de la courbe démographique.
Le Cap semble condamné à rester un pays de vieux retraités, à niveau de revenus relativement correct puisqu’ils auront été gagnés ailleurs. Il faut noter en plus, que les deux grandes directions d’embauche traditionnelle des jeunes : la marine marchande et la ‘’Royale’’ deviendront de plus en plus difficiles d’accès. La ‘’Mar Mar’’ est victime de son 28ème rang au classement international. Les marins français sont de plus en plus remplacés par des asiatiques payés moins cher . Quant à la Royale, elle recrutera de plus en plus à très haut niveau en raison des nouvelles techniques et de la professionnalisation.
Reste la fonction publique et les concours administratifs tout comme l’éducation nationale. La conséquence inévitable sera l’obligation de s’expatrier, d’où mariages ou unions avec des partenaires d’ailleurs. Le déroulement de la carrière ailleurs amène souvent les familles à acheter leur logement pour, d’une part se loger correctement, d’autre part accéder à la propriété. Ce qui implique que les enfants naissent ailleurs, font leurs études ailleurs et s’installent dans la vie ailleurs.
Conséquence, les ‘’retournés au pays’’ seront de moins en moins nombreux à l’avenir car :
- ils choisiront de résider près de leurs enfants pour voir grandir leurs petits-enfants
- La maison familiale en Cap-Sizun, à partager entre plusieurs héritiers, s’avèrera d’un prix trop élevé pour indemniser tous les ayants-droit.
La future population capiste risque donc, à l’avenir de présenter un caractère hétérogène. Raréfaction des ‘’nés-natifs’’, autrement dit ‘’indigènes’’ ou capistes, raréfaction voire disparition de la langue maternelle, disparition des chants bretons, des pardons, bref de tout ce qui constitue la race et l’héritage culturel local. Je crois avoir suffisamment développé le chapitre consacré à notre histoire pour pouvoir me permettre de dire que la situation ne me semble pas brillante. Certes, nous subissons comme tout le monde les aléas de la conjoncture que personne ne maîtrise, pas plus que la météorologie, les marées noires ou les guerres.. Mais nous subissons en plus nos handicaps géographiques que nous ne maîtrisons pas davantage. Par contre, et je suis formel, nous devrions maîtriser nos handicaps structurels. C’est à nous d’y remédier et il y a urgence. Sinon l’avenir du Cap ne peut s’imaginer que dans le pessimisme. En d’autres circonstances (article paru dans la presse locale) j’ai parlé d’un plan ‘’Marshall’’ pour le Cap-Sizun. Je serai plus précis en évoquant les perspectives d’avenir dans le domaine de la politique, toujours locale bien entendu.

33 – Perspectives dans le domaine de la religion

Tout le monde sait qu’il n’y a plus personne dans les églises à l’office dominical. Simple constat à partir duquel on peut essayer d’imaginer l’avenir, en tenant compte d’un second constat, majeur celui-là, avec lequel il a bien fallu composer, de gré ou de force, à savoir : il n’y a pratiquement plus de prêtres en âge d’exercer leur ministère. Cette situation est d’ailleurs beaucoup plus visible à la campagne que dans les villes.
Il y a seulement 20 ans , les paroisses de PLOGOFF, CLEDEN, PRIMELIN, ESQUIBIEN, BEUZEC, AUDIERNE, PONT-CROIX, MAHALON, PLOUHINEC et POULGOAZEC étaient chacune dirigée par un prêtre, soit 10 prêtres dans le canton de PONT-CROIX . Il en reste 3 : AUDIERNE, PONT-CROIX et PLOUHINEC, ce qui correspond à une perte de 7/10, plus des 2/3. Les prêtres restant sont responsables de secteurs paroissiaux, et il est facile d’imaginer qu’ils ne pourront être partout à la fois, ce qui signifie une remise en cause des habitudes, tant dans le domaine des offices dominicaux que des cérémonies ponctuelles : mariages, extrême-onction, obsèques etc…De nouveaux schémas se préparent, certains sont déjà en application

Offices dominicaux - Ils ne sont déjà plus célébrés chaque dimanche dans les églises paroissiales. Les fidèles d’ESQUIBIEN, PRIMELIN , PLOGOFF, CLEDEN par exemple, doivent de plus en plus rejoindre AUDIERNE si tel est leur choix, comme ceux de MAHALON, MEILARS, BEUZEC, GOULIEN, rejoindre PONT-CROIX ou PLOUHINEC pour assister à une messe le dimanche. Ceci implique des déplacements en véhicule, du co-voiturage pour transporter les personnes âgées ou celles qui n’ont pas de moyen de locomotion. Déjà dans certaines paroisses, des cérémonies sont dirigées par des animateurs laïcs, sans prêtres. Ceci peut se comparer à la religion protestante puisque dans les temples on organise chaque semaine un office auquel participe un pasteur une fois par mois seulement.. Seul le pasteur, comme le prêtre est autorisé à célébrer l’eucharistie. Les communions ont donc lieu une fois par mois. Les cérémonies sans pasteur, ou sans prêtre, ont un rituel mais uniquement de la prière puisqu’il manque le personnage principal qui a le pouvoir de consécration.
Il n’est peut-être pas ridicule d’imaginer, dans un avenir assez proche, un seul office dominical dans le canton, et à moyen terme, des offices à QUIMPER, DOUARNENEZ, CHATEAULIN, PONT-L’ABBE vers lesquels les fidèles devront converger.

Cérémonies ponctuelles – Nous avons déjà dit que la vie du fidèle pratiquant se déroulait au rythme des cérémonie religieuses, du baptême aux obsèques, en passant par la première communion, le mariage etc…Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Je n’entrerai pas dans le détail des cérémonies précitées. Mais on peut dire tout de même que le baptême n’est plus considéré comme une cérémonie urgente. On peut donc le planifier, tout comme la première communion et le mariage. Si je pouvais me permettre une mauvaise comparaison, je dirais que le maître-mot de nos édiles est : décentralisation. En matière de religion, les paroisses sont un parfait exemple de pouvoir décentralisé. Mais à partir du moment où le pouvoir ne peut plus être exercé localement, on peut imaginer des cérémonies que j’appellerai centralisées, parfaitement réalisables pour les baptêmes et les communions si elles ont lieu le dimanche, plus difficiles à réaliser pour les mariages compte tenu des modalités qui entourent ces cérémonies : déplacements des familles, logistique etc…
Pour les obsèques, nous avions jusqu’à présent des habitudes. Je ne parle pas des obsèques civiles qui n’ont pas à être étudiées dans un chapitre consacré à la religion . Les obsèques religieuses ont, pendant longtemps et jusque vers les années 1990, donné lieu à la célébration d’une messe d’enterrement avec eucharistie et communions. Situations parfois originales, à savoir que les proches du défunt, souvent non pratiquants ou incroyants, ne recevaient pas la communion qui était distribuée à tous les rats d’église et grenouilles de bénitiers. Encore une forme d’hypocrisie.
Depuis une dizaine d’années, les obsèques ne donnent lieu à une messe que si elle est demandée par les proches, qui en cela respectent la volonté du défunt et agissent conformément à leurs propres convictions. Ceci implique évidemment la présence d’un prêtre, seul habilité. Lorsque la cérémonie se limite à un passage à l’église pour recueillement et prières, la présence du prêtre n’est plus indispensable. On s’achemine de plus en plus vers cette situation, car à moyen terme et même à court terme, les prêtres ne pourront être présents à tous les enterrements. Régulièrement, la presse locale fait état des réflexions des uns et des autres sur le sujet :
19-2-1996 (télégramme de Brest) – Funérailles : les réflexions des prêtres du Cap .
« La nouvelle réglementation fait l’objet d’une analyse de situation et de ses incidences, en regrettant le manque de distinction entre les zones urbaines et le milieu rural. Certaines valeurs, base de la vie des communautés : notion humaine de voisinage des quartiers, présence d’amis pour un deuil quand tout le quartier est au service de la famille sont plus que compromises. Regrets aussi de voir la création de monopoles qui handicapent les familles pauvres ».
Il s’agit d’une réflexion des prêtres du Cap en 1996, adressée au président de la communauté de communes, aux maires du canton et à l’évêché. Personne n’est obligé de partager le point de vue exprimé par les prêtres, mais une chose est incontestable : les prêtres en question connaissent bien le terrain, le milieu, l’ambiance qui entoure le deuil, sans compter une expérience qu’ils sont seuls à avoir par le biais de la confession. Mais, depuis 1996, le nombre de prêtres a encore diminué ( Monsieur Jacolot dernier recteur des paroisses de CLEDEN et PLOGOFF a pris sa retraite en 2002, à l’âge de 75 ans).
L’absence de prêtres est un problème, mais l’acuité du problème est que le défunt ne choisit pas le jour et l’heure de sa mort. Or, cette date de la mort fixe implicitement la date des obsèques, généralement dans un délai de 48 heures.. Conclusion : avec ou sans prêtre, la question est posée et reste posée sans obtenir de réponse officielle à ma connaissance.
Mais les choses et même l’église ont évolué dans le domaine de la mort. L’incinération se répand. Plus question d’enterrer les morts face à l’est en prévision de la résurrection à venir. Les cendres du défunt sont dans une urne parfois déposée dans un columbarium. Si la tendance continue, elle règlera le problème des cimetières qui se posera inévitablement aux générations futures. Les cimetières de nos aïeux ont disparu. Les cimetières laissés en Indochine ou en Algérie sont dans des cas très nombreux retournés à la nature. C’est ainsi. La vie suit son cours jusque dans la mort, et la manière de traiter la mort prend désormais de nouvelles formes, pour ne pas dire que la mort se banalise. On meurt dans les hôpitaux, dans les maisons de retraite, et non plus chez soi. Même dans ce dernier cas, les défunts sont dirigés vers des chambres mortuaires, techniquement organisées pour recevoir des dépouilles mortelles en instance d’inhumation. C’est ainsi, et il faut s’y faire, car même dans ce domaine il n’y aura sans doute pas de retour en arrière. Quant aux obsèques religieuses, parfois demandées au dernier moment, celui du départ, par des non-pratiquants, on pourrait appeler cela ‘’tamponner le passeport’’, parce que, sait-on jamais !! Le choix d’obsèques civiles est courageux, le choix du tampon sur le passeport l’est beaucoup moins. (De nouvelles dispositions viennent d'être prises à propos de l'eucharistie en juillet 2006. Plus d'eucharistie aux obsèques sauf cas particuliers: religieux, péris en mer etc...)
De nombreuses réflexions sont engagées à tous les niveaux pour déterminer ’’la’’ ou ‘’une’’ nouvelle forme de la pratique de la religion. La commission ‘’langue et culture bretonne’’ du diocèse de QUIMPER veut remettre le breton en usage dans la pratique religieuse. Je cite :

« L’église n’est pas insensible au bouillonnement culturel breton….L’apport culturel augmente dans les évènements religieux, notamment sous la forme musicale ». Dont acte !!

Depuis quelques temps, la forme d’expression de la religion, telle qu’elle était pratiquée par les générations précédentes, est contestée : pas de chants bretons dans les offices, les pardons relèveraient du folklore et même d’une certaine forme païenne (clés de Saint-Tugen) etc…etc…Soit !! Ceci n’est peut-être pas contestable, mais le tempérament breton, dont j’ai déjà dit qu’il était exacerbé chez les capistes, contient une certaine forme de culte et de respect des Anciens (j’en ai suffisamment parlé dans le chapitre consacré aux épidémies). Pour ma part, je suis partisan, non pas d’une généralisation des messes en breton qui ne peuvent qu’être réservées à ceux qui pratiquent la langue pour comprendre, mais de l’interprétation d’un chant breton à chaque office. J’y vois un quadruple avantage :
- Manifestation d’une certaine déférence à l’égard des Anciens qui s’exprimaient de cette manière
- Participation à la culture bretonne
- Une certaine forme de rayonnement de la langue si on veut bien accompagner les chants par des traductions à l’usage des non-initiés
- Expression de la tradition, dans le respect de la religion.
Je crois avoir déjà exprimé mon engouement pour la langue et le chant breton. Je confirme. D’ailleurs, lors des cérémonies de funérailles, on entend souvent : Kantik ar baradoz, ou Da feiz hon Tadou Koz pour dire un dernier ‘’Au revoir’’ à celui qui s’en va. Lorsque ces chants sont interprétés dans le « C’hap Don » , ils sortent du fond des poitrines, peut-être avec quelques erreurs musicales bien pardonnables puisque les voix viennent du cœur. Mais , il est peut-être temps de clore ce chapitre, pour parler très brièvement de l’enseignement, puisque, nous le savons, l’enseignement confessionnel côtoie l’enseignement public.

34 – Perspectives dans le domaine de l’enseignement

Je reviens au document établit par Alain Treussier dans sa forme prospective : il ne reste plus qu’un collège privé dans le Cap. Il n’en situe pas l’endroit. Il écrit aussi :
« De difficiles négociations entre élus, responsables de l’enseignement privé et le rectorat d’académie sont en cours dans le but de maintenir l’ouverture du collège à PLOUHINEC ».
Dont acte !! Mais il s’agit d’une prospective qui permet de tout envisager. Prenons les chiffres de la rentrée scolaire 2002-2003 (la rentrée 2003-2004 n’est pas encore faite à l’heure où j’écris ces lignes) : 
-  Collège de Locquéran à PLOUHINEC : 289 élèves 
-  Collège Saint-Joseph à AUDIERNE : 91 élèves (dont seulement 16 dans l’unique classe de 6ème) 
-  Collège Notre Dame de Roscudon à PONT-CROIX :131
Ce qui donne : 
-  Enseignement public : 289
- Enseignement libre : 222
Ces chiffres ne semblent pas corroborer la prospective ‘’Treussier’’ qui , il est vrai, date du mois de juin 1997, donc vieille de 6 ans.
Plus près de nous, le 31/3/2003 on lit dans la presse locale (rubrique PLOGOFF) : « l’école du Christ-Roi menacée de fermeture » ( c’est fait à ce jour), comme on lit ailleurs (rubrique LANDERNEAU 12/3/2003) : « La ville va payer pour l’enseignement privé », ou PLOGASTEL –SAINT GERMAIN (21/9/2002) « L’ex école JB Le Mel est à vendre » ;
Il est bien difficile d’imaginer quel est le type d’enseignement qui parviendra à tirer son épingle du jeu. En fait, l’enseignement public est une mission régalienne, donc relevant de l’état. Cet enseignement ne peut donc disparaître en Cap-Sizun, sauf à considérer que la population capiste se soit complètement transformée dans les années à venir. Certes, les perspectives démographiques ne sont pas bonnes. On peut imaginer, et ce sera sans doute ainsi puisque c’est déjà amorcé, un apport d’étrangers (terme non péjoratif), entendons par là des gens nés hors Cap-Sizun et même hors de France, et dont les racines ne sont pas capistes. ( plutôt originaires des pays européens : Allemagne, Belgique, Suisse, Angleterre etc…). Pour autant, rien ne permet de dire que toutes les familles ayant des enfants en âge scolaire souhaiteront bénéficier d’un enseignement confessionnel au détriment de l’enseignement public ou inversement. C’est, à mon avis, plutôt l’enseignement libre qui doit s’attendre à des difficultés : rappelons le chiffre de la rentrée scolaire 2003 à l’école Saint-Joseph à AUDIERNE, soit 91 élèves, chiffre à comparer avec celui de la rentrée de 1987 soit 290 élèves. La perte est supérieure à 2/3. La démographie n’explique pas tout puisque, toujours en 1987, le collège de Locquéran comptait 360 élèves au lieu de 373 l’année précedente, et qu’il en compte encore aujourd’hui 289, soit une perte de 71 élèves , soit environ 20% , soit 1/5.
Il faut être objectif et réaliste pour aborder ce sujet afin de ne pas recréer la désastreuse situation de la ‘’guerre scolaire’’. De nombreux chiffres ont été donnés dans le livre consacré au ‘’curé d’avant-hier’’, le chanoine Chapalain, ancien recteur d’AUDIERNE (page 46). On y lit par exemple :
« il y a un rejet léonard de l’école publique…. En Léon, l’engrais est catholique, l’argent est catholique, le foot est catholique comme l’école est catholique ».
Il s’agit du Léon et pas du Cap, mais…
Cela relève de l’intolérance, et la prospective ne me paraît pas aller dans ce sens mais dans le sens de l’histoire du Cap qui sait très bien qui voulait une centrale nucléaire à PLOGOFF, et grâce à qui nous ne l’avons pas eue. Simple reconnaissance d’intérêts particuliers peut-être, mais reconnaissance tout de même. L’histoire dit aussi que la promotion sociale des catégories défavorisées est venue de l’enseignement public. Il ne faut pas l’oublier, même si l’éducation nationale connaît aujourd’hui des difficultés relevant de phénomènes de société : violence, drogue, insécurité etc…
D’ores et déjà, on sait que de nombreuses écoles , publiques ou privées ont déjà fermé leur porte : GOULIEN (publique), ESQUIBIEN (Jeanne d’Arc), BEUZEC (publique), j’en passe. A la date du 6/2/2003, la presse locale annonce en Bretagne : 1200 établissements privés qui accueillent 244.000 élèves soit 40% des écoliers , collégiens, et lycéens. Ce qui veut dire aussi que les autres, donc 60% sont ailleurs, donc dans l’enseignement public. La prospective dans le domaine de l’enseignement se limite donc à imaginer la nouvelle société, ce qui n’est pas évident ni simple. Une chose semble certaine, la religion et sa courroie de transmission l’enseignement ont perdu une grande partie de leur influence. C’est un constat, pas un jugement. Le rapport entre ‘’dominants’’ et ‘’dominés’’ d’hier s’est atténué pour beaucoup de raisons. On ne met plus ses enfants à l’école libre par crainte du recteur, et il n’y a plus de refus d’absolution, d’autant qu’il n’y a plus ou presque plus de confessions. Les bourgeois ne vont plus systématiquement à la messe, comme autrefois, pour afficher leur rang. De nombreux notables sont laïques, tout comme l’état, et ne dissimulent plus leurs idées ou leurs sentiments. Pour conclure, on peut dire que c’est à chacun selon ses convictions et sa conscience. Notons tout de même la prééminence de l’enseignement public par rapport à l’enseignement libre, sans oublier que l’un est gratuit, l’autre est payant , ce qui a une influence certaine sur le choix effectué par les différentes catégories sociales.

35 – Habitat

Le Cap-Sizun est le pays de l’habitat individuel, plutôt dispersé, à l’inverse de ce qui se passe dans les villes.
L’habitat collectif existe à AUDIERNE, où des immeubles HLM ont été construits autour des années 1959-1960. On trouve peu d’immeubles en copropriété (quelques uns à Audierne). Le Cap-Sizun n’est pas le pays des immeubles. On peut donc regretter certaines constructions sur les points les plus élevés d’où ils dominent le paysage dans lequel ils s’intègrent mal. (Kérivoas à Audierne). Ces essais peu concluants, ont ouvert la porte à une nouvelle forme d’urbanisation : le logement social en maisons individuelles d’un type nettement supérieur à celui des clapiers. Chaque commune a eu à cœur de construire des logements sociaux et de tenir à la disposition des candidats à la propriété, donc futurs résidants, un lotissement de terrains viabilisés, prêts à recevoir des constructions. On peut donc imaginer à l’avenir des concentrations de personnes dans les agglomérations, les bourgs ou à proximité des bourgs, et les gros hameaux. L’entassement des individus en cages à lapins superposées semble abandonné. On connaît d’ailleurs tous les problèmes posés par ce type d’habitat, problèmes suffisamment développés au quotidien en ce qui concerne les banlieues. Dommage donc que notre Cap ait été défiguré par quelques immeubles peu harmonieux. Mon intention n’est pas du tout de faire le procès du logement social, absolument nécessaire, mais de dénoncer les mauvaises résidences mal élaborées, mal pensées, mal réalisées. La clientèle du logement social a droit, comme tout le monde à autre chose que des refuges superposés.
La commune de PLOUHINEC dispose de terrains constructibles avec vue sur mer . C’est sa chance. Ailleurs, il est presque impossible de réaliser une maison neuve disposant d’une vue sur mer. Les responsables du conservatoire du littoral n’ignorent pas que les mesures de protection ont créé une nouvelle race de privilégiés, à savoir ceux qui bénéficient déjà de cette vue. Privilégiés au niveau de leur génération, privilégiés au niveau des générations futures, car les prix de l’immobilier vue sur mer sont presque le double de ceux de la campagne. Personne ne conteste la nécessaire préservation et protection du littoral (la bande des 100 mètres suggérée par le maire de GOULIEN, Henri Goardon ), qui appartient à tous, mais à vouloir trop et tout protéger, on perd des résidants potentiels qui vont s’installer ailleurs. PLOUHINEC est parfaitement conscient de sa chance. Mais, entre AUDIERNE et la Pointe du Raz, l’interdiction de construire est quasi absolue. On ne voit pas cependant en quoi des constructions entre Sainte Evette (déjà construit) et Lervily (déjà construit), défigureraient le paysage. Que l’on se rassure, je n’y suis pas propriétaire et je ne prends parti pour personne. Et le parc marin qui s’y greffe !! Nous ne serons bientôt plus seulement canalisés, mais parqués comme des…Restons courtois !!
L ‘avenir risque donc de ne pas apporter beaucoup de changements dans l’urbanisation actuelle. Les maisons très anciennes et en mauvais état ou mal placées, donc à petit prix, seront sans doute restaurées par des petits budgets. Les maisons plus confortables, donc plus chères, échapperont de plus en plus aux héritiers qui ne seront pas assez riches pour indemniser leurs frères et sœurs. Mais je ne pense pas que l’on assistera un jour à la création de villes nouvelles, pas plus que de lotissements résidentiels. A mon avis, la situation actuelle risque donc de perdurer, sans changements, et la vision de Monsieur Treussier me paraît sujette à caution, bien que je lui reconnaisse le mérite d’exister.

36 –Techniques nouvelles

Internet a été une révolution. De nombreux capistes, y compris des retraités d’un certain âge se sont convertis à l’informatique. Pour autant, le 3/4/2003, quand j’écrivais ces lignes au brouillon, il n’existait pas encore de point cyber-communes. Les choses ont un peu progressé entre mon brouillon et ma rédaction d’aujourd’hui, puisque cela commence à fonctionner à PLOUHINEC. Rien depuis les cours de Cap-Accueil en 2000-2001. (La situation a évolué depuis: cybercommunes))
Celui qui voulait apprendre devait, jusqu’à présent, se tourner vers DOUARNENEZ, POULLAN ou POULDREUZIC. Manifestement, les dossiers du Cap n’avancent pas à la vitesse supersonique, ni celle du TGV. Alors, grâce aux enfants, quelques grands-mères, grâce aussi au conjoint qui a parfois la chance de savoir, quelques personnes ont pu recevoir une initiation qui leur permet d’adresser des « E. Mail » à leurs petits enfants éparpillés à travers le monde. Ma génération est donc pratiquement condamnée à disparaître sans avoir connu les joies du « Démarrez-Programmes- Outlook Express » par le biais de la souris. Cette génération , née avec la lampe à pétrole, aura connu l’arrivée de la fée électricité, de l’automobile, de la télévision, du téléphone, j’en passe, pour être privée d’informatique par manque d’environnement favorable et de structures, pour cause de lenteur administrative. C’est assez navrant et même déplorable.
Dans ces conditions, je vois mal les techniques nouvelles, les nouvelles formes de travail du type ‘’start-up’’, les agences de vente par internet etc … venir s’installer en Cap-Sizun. Le pays offre certes une qualité de vie à ceux qui ont des revenus, mais ce n’est pas suffisant. Impossible d’obtenir le haut-débit. (partiellement réalisé aujourd'hui) Le Cap n’est pas couvert par des relais suffisants, donc retard comme hier pour les téléphones portables. La modernité a un prix, et généralement il faut payer le prix.
La vision prospective de Monsieur Treussier imagine un Cap-Sizun dans une certaine mesure idyllique pour une clientèle argentée. C’est peut-être possible, mais on peut aussi poser la question : ‘’Et les autres, ceux qui seront moins argentés ? » .
C’est pourquoi je ne partage pas ce point de vue. Je n’imagine pas de tels changements. Une piscine, sans doute. (en cours de réalisation actuellement) Mais les yachts de gens fortunés ne viendront pas s’installer dans nos beaux paysages car cette clientèle recherche quelque chose que nous n’avons pas : un climat méditerranéen pour le farniente, la ’’bronzette’’, sans vent, sans pluie, avec ciel bleu sans nuages et une température d’eau de baignade supérieure à 20 degrés. Ce manque peut être comblé par des structures ad-hoc, tout au moins pour la baignade . Quant à la navigation dans nos eaux, mieux vaut parfois disposer d’un bon canot breton que d’un yacht sophistiqué pour affronter le Raz de Sein.
La saison touristique me semble donc condamnée à rester courte, fréquentée principalement par des gens de passage qui viendront admirer nos cartes postales. La clientèle familiale deviendra de plus en plus rare en raison de la disparition des maisons de grands-mères ( en même temps que les grands-mères elles mêmes), et des nouveaux modes de vie. De moins en moins de retours au pays. De plus en plus de résidants non capistes d’origine, pas de créations d’entreprises, donc d’emplois, ce qui veut dire qu’il n’y a pas beaucoup de débouchés par les techniques nouvelles à espérer. Les enfants nés au pays seront condamnés, comme ceux des générations précédentes à s’expatrier. Compte tenu de la conjoncture qui n’est pas exclusive au Cap, mais compte tenu des retards accumulés par ce même Cap, une évolution paraît difficile à imaginer. Mon souhait de plan Marshall dont j’ai déjà parlé est resté lettre morte ou vœu pieux, et nous obtenons difficilement des médicaments homéopathiques. Pourtant, les faits sont là, et j’ai sans doute raison sans pour autant commettre le péché d’orgueil. Mais, je suis prêt à faire amende honorable si les circonstances devaient me désavouer. Hélas, je crains d’avoir raison en disant que le Cap ne peut s’en sortir à partir des données actuelles. Future réserve d’indiens, disposant d’une aisance relative et d’une qualité de vie certaine, mais dépourvue de vie économique car les ‘’bistrots’’ et les crêperies qui n’emploient personne ne peuvent faire vivre une population.

37 – Perspectives économiques, sociales , sanitaires

Les perspectives économiques et sociales sont liées. Les techniques nouvelles font partie des données économiques. Je n’y ai pas trouvé matière à optimisme. Il en est de même pour les perspectives sociales. Pas d’économie, pas d’emploi, pas de niveau social (matériel) acquis au pays, sauf par le biais des héritages pour une catégorie privilégiée. L’émigration continuera avec ses conséquences. De mon point de vue personnel, agriculture et pêche stagneront dans les années à venir. Seul le secteur tertiaire (commerce) se maintiendra, mais ne fournira pas d’emplois qualifiés, de haut niveau, puisqu’il s’agit exclusivement de services. Le Cap restera donc un fief de retraités, certains originaires du cru, d’autres venus d’ailleurs pour apprécier une qualité de vie. Un antagonisme sournois risque de s’exacerber (puisqu’il existe déjà) entre certaines catégories d’individus : les ‘’retournés au pays’’, souvent mal acceptés par leurs congénères iront dépenser dans les grandes villes plutôt que de faire fructifier l’économie locale. Venant d’ailleurs, sensibles aux techniques commerciales des promotions et autres prix d’appel, ils continueront à se diriger vers QUIMPER pour leurs achats. Prisonnier de méthodes routinières, de circuits archaïques, le petit commerce va souffrir. On assiste régulièrement à la fermeture de petits magasins, et chacun a pu constater que les stations service ont pratiquement disparu, ce qui n’est pas particulier au Cap d’ailleurs. Le carburant est désormais distribué par les grandes surfaces. Il n’y aura pas de retour en arrière. Seuls les circuits qualitatifs : Bio, poissons (fraîcheur), viande (sous réserve), tireront leur épingle du jeu. Le petit commerce ayant régressé au point de disparaître par endroits, le Cap comptera de plus en plus de crêperies (parfois éphémères comme à CLEDEN), de pizzerias (spécialité bretonne sans aucun doute), de snacks et autres cafétérias, tout cela au détriment du traditionnel. Il y a déjà un problème : le repas de midi dans les restaurants. Nouveau mode de vie, nouvelles formes d’activités. C’est ainsi.
Pour ce qui concerne les structures de santé, j’ai évoqué précédemment l’hôpital de DOUARNENEZ, toujours dépourvu de scanner. Je n’y reviens pas, sauf à dire qu’il a besoin de certains équipements pour bien remplir sa mission, et pas seulement au profit du Cap.
Les médecins généralistes sont en nombre suffisant, et convenablement répartis. Malheureusement , le cabinet de radiologie qui se trouvait à AUDIERNE a fermé ses portes. Désormais, pour une fracture bénigne, voire une vérification, il faut aller à DOUARNENEZ, alors qu’autrefois, tous les médecins généralistes étaient équipés d’un matériel pour radioscopies. Ils traitaient aussi les fractures pas trop graves et pratiquaient de petites interventions sous anesthésie locale . Ces temps sont révolus. Il faut se faire à l’idée que le passé ne reviendra plus et se dire que :
« De ton temps, c’était ton temps ! Et demain ne sera pas hier !! »

38 – Perspectives politiques

J’ai gardé pour la bonne bouche ce dernier chapitre, bien que, par ci, par là, j’ai pu aborder le sujet et égratigner le cas échéant. J’ai sous les yeux une coupure du Télégramme de Brest datant du 27/3/2003 sur laquelle je lis :

« Défiance à l’égard des élus, 34% de la population aurait une attitude de défiance à l’égard de ses élus locaux ».

Enorme !! 1/3 de la population qui n’a pas confiance. La même journal avait organisé en 1993, donc il y a 10 ans, une enquête intitulée ‘’Finistère 2015’’. J’ai conservé l’intégralité de cette documentation. Je lis : 
-  A la date du 26 novembre 1993, sous la plume de René Perez
« Les lecteurs ironisent sur le manque d’envergure des élus du département………Certains lecteurs estiment que seul le Préfet a une vision globale et unitaire du département…..Nos lecteurs manifestent leur ’’Ras le Bol’’. Ils veulent, ils exigent que les élus serrent les rangs en ces temps d’interrogation…..Ils sont 86%, chiffre à méditer à se prononcer en faveur d’une coopération intercommunale active »
Le réquisitoire fut impitoyable. Que dis-je, c’est un verdict populaire, qui amena le président du conseil général à s’exprimer : 
- 15 décembre 1993 : Miossec avocat des politiques
« Face aux attaques portées contre les hommes politiques, lors du brassage, parfois saignant de Finistère 2015, Charles Miossec répond par un plaidoyer acerbe….. Le président du conseil général s’insurge contre le syndrome du ‘’ politique bouc émissaire’’…… Et Charles Miossec se refuse tout net, et haut et fort, à porter le chapeau……On dénonce les politiques qui n’ont rien compris……Mais la démocratie a ceci d’impitoyable : c’est le peuple qui choisit. Et comme il a nécessairement raison, il a les élus , c’est à dire les politiques qu’il mérite ».

Dont acte !! C’était il y a 10 ans. Et depuis ? 34% ont une attitude de défiance à l’égard de ses élus comme je l’ai dit ci-dessus. Incroyable !!
Je ne disserterai pas davantage cette enquête Finistère 2015 (à laquelle chacun pourra se reporter le cas échéant), puisque nous parlons d’avenir et qu’elle a 10 ans d’âge. Mais il y a cependant dans cette enquête un constat alarmant : on a les élus qu’on mérite. Je préfère être plus nuancé, et dire qu’on a les élus choisis par le plus grand nombre, donc les élus qu’on se donne bien qu’il s’agisse d’une ‘’Lapalissade’’. Les élections se jouent toujours dans une fourchette d e 48 à 52% . Donc, dans les meilleurs cas, sauf exception, les élus représentent 52% des électeurs, ce qui veut dire aussi qu’ils ne sont pas élus par les 48% d’opposants. On ne peut pas dire qu’on a les élus qu’on mérite à ceux qui ont voté contre. Certains élus, honnêtes, ont tendance à se considérer et à se comporter comme les élus de l’ensemble des administrés. Traitement identique pour tous : il n’y a plus de trottoirs de droite ni de caniveaux de gauche.. Bravo, parce que les trottoirs sont à tout le monde. Hélas ! On trouve aussi la politique des becs de gaz. J’en ai déjà parlé. Pas d’éclairage public aux mauvais électeurs malgré les pétitions. Sanction ? Alors, les 34% de ceux qui ont une attitude de défiance, doivent être plutôt 100% quand ils attendent que la lumière soit, surtout quand la lumière ne fut toujours pas !! Minable cette politisation des becs de gaz, et même indigne de la fonction !! Certains aventuriers de la politique savent mieux que personne que les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent. Le Cap n’a pas besoin des magiciens ni des illusionnistes qui promettent tout, et ne réalisent rien, se contentant de regarder défiler les strato-cumulus et les cumulo-nimbus en expédiant les affaires courantes !! Le Cap, c’est du concret !!
L’année 2002 a vu des élections de niveau national. Globalement, le Cap a voté à droite aux élections présidentielles et participé majoritairement à l’élection d’un,( plutôt d’une) député de droite. Le Cap, dans cette affaire a fourni un suppléant et non un titulaire. C’est la démocratie. L’année 2004 verra des élections départementales et régionales. Gageons que l’on va prendre les mêmes et recommencer. (Faux:Une conseillère générale de gauche a été élue, situation nouvelle  et inédite depuis 1932) Peut-être faudrait-il réfléchir à une hypothèse de sang neuf si on veut s’attirer un jour les bonnes grâces des 34% de la défiance. Dans sa rédaction prospective, Monsieur Treussier nous parle d’un jeune député nouvellement élu résidant à PRIMELIN. Sa résidence a peu d’importance à mon sens. L’essentiel est qu’il soit jeune. Regardons autour de nous. Dans l’armée française, il fallait avoir 50 ans pour commander un régiment autrefois. Aujourd’hui, 40 années suffisent, et pour y arriver, il faut être capitaine à 27 ans et même 25. Les bateaux sont de plus en plus souvent commandés par des jeunes qui font aussi bien que leurs anciens. Alors, il n’est peut-être pas nécessaire de confier les pouvoirs locaux à des retraités qui , par définition sont à la retraite et en bénéficient, certains même plusieurs fois. Seuls les jeunes, acteurs économiques au pays, souvent pères de famille, ont une vision objective des choses et sont en mesure d’évaluer les besoins et les priorités, car tout ne peut se faire en même temps. Mais , le Cap est un pays de retraités me dira t’on. Soit ! Mais puisque la société capiste a une tradition matriarcale, pourquoi, dans ce pays de marins, ne pas confier le pouvoir aux femmes ? Les femmes de marins exercent tous les pouvoirs au sein de la famille en l’absence du mari. Certaines femmes conduisent la voiture familiale car le mari n’a jamais eu le temps de passer le permis de conduire. CLEDEN est dirigé par une femme, et à CLEDEN on trouve de bonnes réalisations, par exemple l’accueil des camping-cars qui évite le déversement des eaux usées n’importe où comme c’est le cas à AUDIERNE. C’est une simple observation de détail, mais significative à mon sens. La fête foraine d’AUDIERNE ne fait pas grand cas de l’écologie pour ses évacuations, mais peut t’elle faire autrement ? Très certainement, si on lui en donne les moyens.
Oui, pourquoi pas les femmes si les hommes n’ont pas l’envergure pour figurer dans le monde politique, en se contentant de satisfaire leur orgueil masculin. Qui donc a sauvé le calice de Saint-Tugen qui fait aujourd’hui partie du Trésor ? Rappelons-nous ! Marie-Jeanne Cuillandre épouse Normant ! Ce n’est pas pour rien que j’ai commencé ce texte en lui rendant hommage. Les femmes aussi ont ’’fait’’ PLOGOFF. Plusieurs écrivains, journalistes, cinéastes leur ont témoigné estime, considération et même respect. Puisque le Cap n’est pas capable de fournir un leader, pourquoi pas une femme de choc.
Quand on pense aux personnages de dimension nationale qui ont exercé le pouvoir dans le Cap : Joseph Guezno, frère du conventionnel Mathieu, ou Severin Louis Marie Michel Le Duff de Mesonan qui a été maire à AUDIERNE pendant 14 ans (1857-1871), réalisateur du chemin de halage, de l’abri du canot de sauvetage sur le quai et de tant d’autres travaux : ancien sénateur, ancien président du conseil général du Finistère, ancien député du Finistère, grand officier de la légion d’honneur pour ne citer que quelques références. Ajoutons encore qu’il était un ami personnel de Napoléon III. Homme de bien, disposant d’une obligeance inépuisable, honnête homme, citoyen dévoué à son pays, tels sont les propos relevés à son égard dans le bulletin municipal n° 2 d’AUDIERNE, sous la plume de Monsieur Marzin, dont les vieux audiernais se souviennent.
Ou encore Amédée de Lécluze qui fut maire à AUDIERNE de 1871 à 1898, soit pendant 27 ans au cours desquels il fit réaliser le petit train dont nous avons déjà parlé . Il pouvait dire , le jour de l’inauguration, le 28 janvier 1894 :
« Enfin, nous voici reliés, grâce à la ligne, au monde civilisé ».
Où est la relève dans le Cap ? On attend les noms et les références !!
La perspective d’évolution politique ne me paraît donc pas très réjouissante au niveau des hommes . Constatons que nous ne sommes pas capables de fournir des leaders, et la messe sera dite. Tant que nous resterons en Cap-Sizun à nous regarder en chiens de faïence entre blancs, ou considérés comme tels, et rouges, ou considérés comme tels, tant que nous n’aurons pas fait tomber les limites des clochers qui relèvent du passé nous n’obtiendrons aucun résultat. Les bonnes volontés, l’intelligence, l’esprit d’initiative, l’envie de servir ne sont pas des critères de droite ou de gauche. Ils sont les critères de la dimension humaine des choses, car je pense que, à la base, la politique ne règle rien, ce sont les hommes qui règlent tout. Utopie peut-être ! Pas si sûr ! Attendons la suite des évènements. Que cessent ces visites intéressées pour nous caresser dans le sens du poil à la veille des élections, les poignées de mains sur les marchés et ‘’votez pour moi parce que je suis le meilleur’’. Le bon slogan serait à mon sens ‘’votez pour le Cap, ma personne est d’aucun intérêt. Mais, La Fontaine avait raison en décrivant la mouche du coche, tout comme La Bruyère dans ses ‘’caractères’’. Jupiter aussi, dieu de la foudre et du tonnerre fustigeant les ambitieux, car être responsable c’est assumer ses responsabilités. De nombreux élus locaux ont été honorés par leurs administrés : rue X…. Square Y….Pour ma part, je crois que je n’aimerais pas entrer dans l’histoire comme un homme et même un artisan du déclin, car ne rien faire est aussi coupable que de se tromper de cible. L’histoire jugera. Gageons qu’elle ne sera pas tendre !! AMEN !!

CONCLUSION

Tout a une fin. Cet exposé aussi. J’ai essayé d’imaginer demain, à partir de la situation d’aujourd’hui, mais aussi en remontant le temps pour tenter de trouver des explications dans notre histoire. Je ne sais pas si j’ai réussi, mais ce dont je suis sûr, c’est que nos élus locaux ne sont pas de droit divin, qu’ils n’ont pas de stratégie d’union parce qu’ils ne s’entendent pas, et qu’ils ont une part de responsabilité dans la situation de sous-développement qui est la nôtre. J’ai déjà développé tout cela dans les différents chapitres. J’aurais pu dire encore que le Cap a été passé au crible en 2001 par un groupe d’étudiants de la faculté d’ANGERS (Télégramme du 8/10/2001), que les réunions de réflexion comme celle organisée le 8/3/2003 à ESQUIBIEN n’attirent personne, même pas les élus locaux, (à croire qu’ils savent tout et qu’ils n’ont rien à apprendre), mais j’en ai assez dit. Je rappelle seulement ce qui a été écrit sur GOULIEN par Christian Pelras :
« Le nouveau maire Jean Moan, n’avait que 27 ans…Jean Moan est certainement le meilleur maire que GOULIEN ait jamais eu ».
La fonction de maire n’exige pas un pedigree ou un profil particulier : un agriculteur, un commerçant, un ouvrier peuvent être d’excellents maires, à condition qu’ils soient avant tout de hommes de devoir, de terrain et non de bureau, serviteurs dévoués de leurs administrés, de l’intérêt général et non de leurs ambitions personnelles et de ce qu’ils croient être leur carrière. Les carrières se font dans le milieu professionnel et non dans la fonction d’élu local. J’ai déjà dit que nous avons 50 ans de retard dans l’équipement structurel. Cela ne se rattrapera pas d’un coup de baguette magique, surtout dans la conjoncture actuelle. Mais si on ne commence jamais à rattraper le retard, on ne comblera jamais le déficit. La gestion des affaires est basée sur le même principe que l’économie familiale. Pour que nos élus s’entendent au niveau de la communauté de communes, il faudrait qu’ils soient représentatifs de l’ensemble des administrés, donc élus au suffrage universel. Il ne semble pas que cette hypothèse soit retenue en haut lieu. Donc cela risque de continuer selon les errements actuels, et ce n’est pas l’intérêt général du Cap-Sizun. Quant aux 294 hectares d’AUDIERNE, soit même pas 2% de la surface du Cap, ils devraient faire l’objet d’une réflexion personnelle des responsables, pour tenter de déterminer leur représentativité par rapport à l’ensemble, ce qui conditionne aussi les bonnes relations avec les voisins. Encore un vœu pieux évidemment. Mais , puisse le ciel me donner tort dans l’estimation de ce vœu pour que

VIVE LE CAP-SIZUN

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Projet de rédaction achevé à AUDIERNE, le 10/4/2003, et transcription achevée le 24/8/2003

(revu en juillet 2006 avant mise en ligne sur le net)



FIN





 

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