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3 novembre 2013 7 03 /11 /novembre /2013 21:23

 

Ma Bro Ar C'Hap Gwechall suite 15

5- les Bretons et Dieu (Buhez-Ouest France)
On ne peut pas comprendre la Bretagne d'aujourd?hui sans avoir une bonne connaissance du phénomène religieux. Cette phrase est la présentation du livre de référence sur la quatrième page de couverture comme on dit dans le jargon de l?édition. Je vais donc feuilleter ce livre, publié en 1985 par les éditions Ouest-France : « Les Bretons et Dieu », pour en dégager les traits essentiels et transposables, le cas échéant au Cap-Sizun. J'entend bien laisser à chacun la responsabilité de ce qu?il avance ; c'est pourquoi je précise, une fois encore que tout ceci a déjà été, en grande partie, écrit et publié dans un ouvrage. Mon rôle se limite à informer de ce qui a déjà été constaté par d'autres, sans m'attribuer la paternité des affirmations.C'est pourquoi, je récuse aussi le terme de plagiat. A chacun de prendre ce qui lui convient et de laisser le reste
Comprendre la Bretagne d'aujourd'hui, hors du phénomène religieux, ne relèverait même pas du tour de force : impossible de savoir autrement par exemple la querelle scolaire, l'héritage où la religion joue un rôle essentiel, l'anticléricalisme, la vie politique, la vie syndicale, la lutte à couteaux tirés entre prêtres et "hussards de la république".. « Le religieux n'est pas tout, mais il est plus qu'ailleurs », parfois teinté de paganisme, comme ces femmes du CROISIC allant sur les rochers du bord de mer tenter de deviner, sans doute au vol des oiseaux, les chances de retour de leurs maris. Il convient donc de poser la question, redoutablement simple : celle des rapports des Bretons avec Dieu , dans un contexte paroissial, puisque la structure clé est la paroisse, gérée par son conseil de paroisse : la fabrique. On peut même parler de « patriotisme paroissial » puisque les paroisses s'affrontent dans « une sorte d?émulation visible à la hauteur des clochers ou à la plus belle bannière (drapeau paroissial), dans un contexte de super- encadrement clérical ». ( 1 prêtre pour 150 habitants en pays nantais, 1 prêtre pour 100 habitants dans certaines paroisses du Léon) . Il ne faut alors pas s'étonner que tous ces Saints spécialisés, parfois intermédiaires, soient sollicités à tout moment. Il m'a paru intéressant d?essayer de faire un récapitulatif de quelques saints connus, liste non exhaustive bien-sûr. Je commencerai donc par les Saints mis à contribution par les armées.
Saints invoqués pour la protection des militaires

Appellation Arme considérée Date de la fête

Sainte Geneviève Gendarmerie 3 janvier
Saint Georges Cavalerie-Arme blindée 23 avril
St Joseph de Copertimo Aviation 18 juin
Saint Christophe Train 25 juillet
Saint Maurice Chasseurs alpins 22 septembre
Saint Mathurin Marine 9 novembre
Saint Martin Infanterie 1er novembre
Sainte Barbe Génie-artillerie 4 décembre

L'invocation des saints réputés pour un certain pouvoir n'est donc pas un phénomène exclusivement breton. Certains ont un rayonnement national ou mondial, d'autres sont plus spécifiquement Capistes. Mais je ne résiste pas au plaisir de dire que, au cours d?une période de 25 ans dans l'infanterie, je n?ai jamais vu honorer Saint Martin. Certains humoristes disaient même que le saint patron du "pousse caillou" se nommait "Saint-Turon ", allusion quelque peu irrévérencieuse aux équipements entrant dans la dotation du fantassin de base.

Saints connus hors Bretagne

Appellation Pouvoir attribué au saint
Saint Christophe Voyage en voiture-invoqué pour la peste
Sainte Barbe foudre et mort subite+ maçons, couvreurs etc..
Saint Yves Patron des avocats- (bon pour tout)
Saint Etienne Cuir chevelu
Saint Clair yeux
Saint Marc Chasse les mouches
Saint Michel orages
Saint Antoine l?Abbé (Italie) animaux

Saints Capistes et voisins immédiats

Appellation Pouvoir attribué au saint
Saint Tugen Chiens enragés-mal de dents
Saint Théodore Fièvres malignes
Saint Chrysanthe Rhumatismes
Sainte Brigitte Nourrices en panne de lait
Saint Tugdual Yeux, oreilles, eczéma

On pourrait signaler aussi le pouvoir attribué à des fontaines, des statues ou à des moyens particuliers ; l?exemple le plus proche est sans doute la fontaine de PONT-CROIX consacrée à Notre Dame de Roscudon, réputée pour la protection des épidémies ; de même la roue à carillons de CONFORT ou la cloche de GOULIEN sont mises à contribution pour les enfants présentant un retard de langage ou des troubles auditifs. Saint Jean Discalléat ("Santik Du" à Quimper) est invoqué pour retrouver les objets perdus. N'oublions pas non plus le renouvellement des baux à la Saint Michel ou l?engagement des domestiques à la Saint Jean.
Il apparaît donc que les saints sont très présents partout, et pas seulement dans le Cap où on peut noter cependant des dévotions et comportements particuliers (ex-voto) .
On pourrait encore citer Saint Roch et Saint Sébastien invoqués pour la peste, les Saints guérisseurs du bétail, Notre Dame du crée-lait qui concurrence Sainte Brigitte à NANTES etc..Sans compter que, lorsque certains n'ont pas donné satisfaction, ils peuvent se voir infliger une punition, par exemple être mis "au piquet", statue retournée face au mur, quand il ne sont battus ou noyés. Paganisme sans doute !! Médailles, images pieuses, breloques, ne pas se couper les ongles le vendredi, conjurer des images de cire, invoquer un clou au nom de Dieu pour soigner le mal de dents, appliquer un grain béni sur un membre pour le soigner, clés de Saint Tugen contre les chiens enragés etc.. Ce n'est sans doute pas pire que l'eau de LOURDES commercialisée en bouteilles remplies au robinet du réseau de distribution. Mais j'en reparlerai , à propos des chapelles en Cap-Sizun. Et la croix sur le pain avant de le couper ! Depuis quand ?? Il faut remonter loin sans doute !!

Remarques essentielles relevées dans l?ouvrage cité en référence

- La religion des bretons dépasse donc de beaucoup la vision classique et aujourd'hui périmée de la dévotion. La Bretagne est restée jusqu'au XXème siècle un terrain privilégié grâce à la densité du clergé chargé de diriger la foi, de purifier les moeurs en interdisant en particulier la danse, prélude à toutes les turpitudes. Le XIXème siècle a été l'apogée de l'encadrement clérical qui nous a laissé des presbytères monumentaux construits dans les années 1840-1860. La coincidence est parfaite entre la vie sociale et la vie religieuse. Quant à la discipline sexuelle , le faible taux de naissances illégitimes est la preuve de sa rigueur. On peut noter aussi une hypertrophie du culte marial (images pieuses dans les maisons).
- Mais, tout cela a évolué : la guerre de 14/18, le développement des communications, l'automobile, la télévision, et plus récemment internet. La politique n?est pas non plus étrangère à cette évolution : nous avons déjà parlé du MRP, du mouvement "le Sillon", de la JAC etc..La Bretagne a fourni aussi des hommes de gauche très connus : Marcel Cachin, Rol Tanguy (Colonel FTP), Georges Le Bail et bien d?autres. Les données de l'anticléricalisme sont en place : calotins /anti calotins. Quel drame de penser que religion et politique sont intimement mêlés : le spirituel et le temporel associés pour diriger, gouverner, régenter. Georges Bernanos avait raison : "des hommes de gouvernement" qui sont 3378 prêtres de paroisses en 1954, contre 2468 en 1975 . La fréquentation de l'enseignement catholique diminue aussi : 49 % de l'enseignement primaire en 1971-1972, 44 % en 1978-1979. La Bretagne n'échappe pas à la tendance générale en France.
- N'oublions pas que l'alcoolisme des prêtres était réel au XVII ème siècle, que l'église a encouragé la pratique des indulgences dont j'ai déjà parlé, que l'ex-voto est toujours d'actualité (maillot du coureur cycliste Bernard Hinault à Sainte Anne d'Auray) , et qu'il y avait un langage des cloches : gros glas, moyen glas, petit glas. La marque chrétienne est partout : médaille protectrice, motte de beurre, porte de lit-clos sur lesquelles on peut voir parfois : « HOMO MEMENTO MORI », Homme , souviens toi que tu dois mourir.
- Et les fidèles enterrés dans l'église après éviscération s'ils sont de haut rang, les autres n'ayant droit qu'au cimetière !!
- Faut-il parler du commerce des chapelets, rosaires, images en tous genres dans les grands pélerinages et encore une fois des bouteilles d'eau des pélerins ? Industrie, commerce, tout est bon pour gagner de l'argent. Le baptême quant à lui joue un rôle social : devoirs et obligations des parrains et marraines, tutelle de l'enfant s'il devient orphelin. Les couleurs liturgiques rythment le temps de l?année. Pour l'église, le noir et le violet sont couleurs de pénitence. On peut recommander des messes pour les obsèques : octave, messe quotidienne pendant 8 jours, trentaine , messe pendant 30 jours, voire à l?annuel .
- Dans bien des circonstances, l'écharpe de maire s'ajoute, quand elle ne la remplace pas, à l'étole du recteur. Notons au passage q'?il y a des zones de "tradition bleue", longtemps chrétienne, avant de devenir laïques ( radicaux, radicaux-socialistes, socialistes, anti cléricaux) et des zones de tradition blanche (royaliste,catholique, cléricale) .
- Emile Combes était un ancien séminariste, hostile aux congrégations religieuses. Dès la fin de l'empire et la restauration, collèges et petits séminaires regorgent de candidats au sacerdoce, indubitable instrument de promotion, non seulement spirituelle, mais culturelle et sociale. Il n'est pas rare de rencontrer dans les paroisses d'un millier d?habitants, un recteur et 2 vicaires, alors que le Limousin en compte plutôt un prêtre pour plusieurs paroisses. (en 1890, à CROZON qui compte plus de 8.500 habitants, on trouve un curé doyen, 5 vicaires et un prêtre habitué). Au XIX ème siècle, le congrégations féminines auront réuni 200.000 femmes.
- Pour honorer Dieu dignement, et impressionner par là même les fidèles, on déployait beaucoup de richesse, se démarquant ainsi de l?austérité protestante (Fête Dieu).
- C'est dans les années 1930 que la dévotion reflue ;
- Pour la 2 ème communion, le costume de la première est souvent devenu trop étroit !!!
- L'encyclique "Au milieu des Sollicitudes" du Pape Léon XIII date du 16 février 1892. elle incite les catholiques français à accepter la constitution républicaine.
- L' Ouest Eclair est fondé à RENNES en 1899 par l'Abbé Trochu qui fait preuve d?une volonté farouche de combattre l'injustice sociale.
- En 1946, le MRP André Colin et P .H. Teitgen sont défavorables au projet de constitution.
- Les écoles privées étaient , à l'origine , à la charge des paroisses, tel châtelain fournissant un terrain, les paroissiens les matériaux et le charroi, tandis que les frères se contentaient de peu pour vivre. Les familles étaient hostiles à la gratuité .
-La période de VICHY, avec l'arrivée au pouvoir d'homme très proches des thèses catholiques traditionnelles, autorisa la première l'octroi de subventions publiques aux écoles privées. Nous avons vu que les frères reprirent en 1941 possession de leur maison de PLOERMEL, récupérée par un prête-nom au début du siècle .
-L'essor rural était le bulletin de la jeunesse agricole catholique (JAC) du Finistère. Pendant la guerre d?Algérie, il consacra 22,5 % de sa publication aux appelés et rappelés (1956).
- L?Abbé Perrot écrivait dans la revue "Feiz Ha Breiz" (foi et Bretagne). Cette revue a commencé à paraître en 1904, précédant de un an la création du mouvement "Bleun-Brug" (fleur de bruyère). L'abbé J.M Perrot ne prit la responsabilité de "Feiz Ha Breiz" que en 1911, et en resta le directeur jusqu'à sa mort en 1943. Le Feiz Ha Breiz et le Bleun Brug naissent sous le ministère d'Emile Combes. Aussi, la revendication du plein exercice des droits (de la Bretagne) en matière d'enseignement est en bonne place aux côtés de la défense de la langue bretonne regardée comme un des plus efficaces remparts de la foi et de la tradition. Maintenir la langue bretonne, c?est participer à la lutte qui tend à "la destruction des lois laïques et révolutionnaires".
- Après la première guerre mondiale, la revendication autonomiste portée par "Breiz Atao" (Bretagne toujours), pose problème au Bleun-Brug et à son animateur l'Abbé Perrot. Après avoir introduit en 1925 dans les statuts de Bleun-Brug, l'action pour obtenir un régime d'autonomie, les autorités épiscopales mettent le holà. L'Abbé Perrot devra s'incliner, mais il restera personnellement très proche du mouvement autonomiste. Il sera assassiné le 12-12-1943 par les maquis FTP. Sous le nom de "Bezen Perrot", 72 hommes en uniforme allemand sont engagés contre les maquis en Ille et Vilaine, Morbihan et Côtes d?Armor. Ils se replient ensuite sur STRASBOURG et l' Allemagne.

°°°°°°
- La tradition catholique était méfiante à l'égard des usages du corps, partie animale de l?homme et comme telle suspecte (sexualité-danse). Seule ou presque, comptait l'âme, unique à sauver.
- Les libre-penseurs ne se fient qu'à la raison.
- Le "peuple noir" désigne les Bretons soumis à tutelle cléricale (dans le langage anticlérical le terme : corbeau, désigne le prêtre.
- Georges Le Bail était le petit-fils d'un notaire venu s'installer en 1833 à PLOZEVET. En 1902, il a 3 objectifs de lutte : le cléricalisme, le collectivisme, le nationalisme.
- Ernest Renan a écrit un ouvrage qui s?intitule : « La vie de Jésus » dans lequel on peut lire des phrases célèbres :
- Les religions croûlent tour à tour parce qu'aucune force jusqu'ici n'a réussi à étouffer la raison
- Le dernier des simples, pourvu qu'il pratique le culte du coeur, est plus éclairé sur la réalité des choses que le matérialiste qui croit tout expliquer par le hasard et le fini

- Yves Lefebvre quant à lui a écrit un ouvrage à scandale : « La terre des prêtres » qui a défrayé la chronique, en racontant l'histoire d'une fille de bonne famille engrossée par un vicaire. Son frère, également prêtre, choisit de traiter cette affaire dans le silence, ce qui devient un drame. Réédité récemment, ce livre est à nouveau épuisé, malheureusement. Je n'en dirai donc pas plus.
- Dans une Bretagne coupée en deux blocs : la société républicaine laïque et la contre-société cléricale, le dédoublement du fait associatif devient quasi systématique.( Association des jardiniers de gauche pour contrer celle du jardinage de droite)
-La dévotion au Saint-Sacrement est le sommet de la piété tridentine ;
- L'héritage catholique se prolonge sous des formes plus indirectes, par exemple l'implantation de la CFDT et CFTC.
- Le catéchisme a été renouvelé de fond en comble en devenant la cathéchèse, et la communion solennelle reste une fête importante avec sa cérémonie, son repas de famille au restaurant, ses cadeaux qui montent l'adolescence comme le mariage monte le ménage.
- On ne construit plus d'édifices religieux sauf dans les nouveaux quartiers des grandes villes
- Le catéchisme par coeur est taxé de bourrage de crâne
- Longtemps on a assisté au rigorisme moral de l?église

         6-Le témoignage de Henri Goardon : Ar C?hap Gwechall

Après toutes ces remarques générales, il est peut-être temps de se rapprocher du Cap-Sizun. Par quel moyen ? En ouvrant le livre de Henri Goardon « Ar C?hap Gwechall », et en lisant le paragraphe intitulé "L?église et le péché". Qu'y trouve-t?on ??
- Mon grand-père, ma mère me disaient : "plus on souffre, plus on a de mérite" 
-  Il évoque aussi la cérémonie des relevailles, et la purification : quand une femme avait un enfant, elle allait à l'église et frappait à la porte. Le prêtre , suivi d?un enfant de choeur portant un cierge allumé, l'accueillait en récitant des prières. Après seulement, la femme avait le droit de rentrer à l'église. 
-  Il était impensable qu'une jeune fille, avant la guerre de 14/18, se déshabille sur une plage, même déserte. Elle aurait été excommuniée. Si une jeune fille avouait au prêtre, en confession, qu'elle avait été au bal le dimanche, elle ne recevait pas l'absolution . Je peux dire que nous avons tous été trompés et avons souffert avec toutes ces histoires de péché mortel 
-  Mais, le comble !! Dans presque toutes les fermes du Cap-Sizun, avant la guerre de 14/18, on récitait des prières le soir, avant d'aller se coucher. Et chez ceux qui étaient de la lignée des seigneurs, on priait :
Lavarom hoaz eur beden
Evit ar re binvidig da binvidikaad
Hag ar re baoul da chom en o stad

Disons encore une prière
Pour que les riches s?enrichissent
Et que les pauvres restent dans leur état


Voilà qui nous ramène aux lignes précédentes quand, dans certains châteaux ou manoirs, le personnel montait le soir dans la chambre de Monsieur pour réciter la prière. Cette fois nous sommes encore en Bretagne, mais à CLEDEN-CAP-SIZUN, dans le "C?HAP DON". J?imagine que aujourd'hui, contraints de réciter cette prière, de nombreux capistes iraient immédiatement s'inscrire à un parti révolutionnaire. Il ne faut pas tourner le dos à notre histoire , même pas à ses excès. Je n'ai pas connu cet épisode, mais j'en ai connu d'autres comme, je l'ai déjà dit : faire chanter Dieu dans les écoles aux élèves du système public. Oui, la religion s'est suicidée par ses mauvais exemples et ses mauvais serviteurs pour lesquels on peut dire quand même , avec beaucoup de réserve, que peut-être ils croyaient bien faire !
Poursuivons la lecture de Henri Goardon qui nous dit : 
- Sans compter que , lorsqu' une jeune fille "blanche" descendant de la bourgeoisie ou des prêtres réfractaires épousait un "rouge" républicain, on appelait leurs enfants des "jaunes".
  - Le nouveau-né était baptisé le premier ou le 2 ème jour après sa naissance, quel que soit le temps et la distance de son domicile à l'église, parfois de 4 à 5 kilomètres. C'est mon cas, distance en moins cependant. Né le 25 juillet, j'ai été baptisé le lendemain, le 26. 
-  Il évoque aussi le cas des domestiques de fermes, engrossées par leur employeur ou par le fils du patron . Elles sont condamnées au mépris et à la recherche permanente d'un emploi, car expulsées sans ménagement de la maison du maître.
Naître bâtard , tout comme être mère d?un bâtard, une vraie tare !!


-Mais je lis encore :
« Lavarom hoaz eur bedenn evit ma teus danze en ôd, ha ma veom er penn kentaa mio-bio al loden vella »
Disons encore une prière pour que Dieu nous envoie des épaves, que nous soyons les premiers sur les lieux et que nous ayons la meilleure part.
 
- Ceux qui se suicidaient n?avaient pas droit à l?église. C?était effectivement ainsi, dans ma jeunesse, mais très vite cela s?est assouplit. On faisait semblant d?ignorer la cause de la mort en la transformant en accident.
- Dans le chapître consacré à la piété, il raconte le déplacement du prêtre se rendant au chevet d?un mourant pour le sacrement d?Extrême Onction. Les parents s?agenouillaient et se signaient au passage du Saint-Sacrement. Je peux confirmer, car cela se passait ainsi, dans ma jeunesse . 
-  Les Pères missionnaires interdisaient la contraception. Dans le voisinage, une jeune fille enceinte fut séquestrée par ses parents qui la laissèrent mourir de faim. 
-  Quel que soit le parti politique des habitants, ils sont restés catholiques, mais non pratiquants. Cela s?explique par le fait que toute la jeunesse est obligée de s?expatrier pour gagner sa vie ailleurs, et aussi par la faute de certains curés sectaires et bornés (il est facile de le prouver). Il y a donc aujourd?hui, dans certaines communes 50% de non pratiquants (L?édition que j?ai sous les yeux, a été imprimée en 1980). 
- Les danses à deux et les bals ne firent leur apparition que bien après 1919, et cela, malgré l?opposition du clergé. On appelait ces danses "An dansou kov- ha kof ", c'est à dire les danses ventre contre ventre


         7- Le témoignage de Daniel Bernard

Mais , je vais faire à nouveau référence à Daniel Bernard à propos des enfants naturels : "les bâtards". Il signale que les naissances illégitimes étaient assez nombreuses à Cleden-Cap-Sizun au début du XVIII ème siècle. De 1708 à 1712, on en compte 12. (en 1709 il y en eut 5, dont 3 à Quillivic). Pendant la seconde moitié du siècle, de 1750 à 1791, on n'en signale plus que 8 au total, et cette proportion est à peu près la même pour les autres paroisses du Cap. Ces chiffres sont connus par les déclarations de grossesse que les filles et les veuves étaient tenues de faire au greffe des tribunaux.
La paternité, donc la responsabilité des naissances illégitimes à Quillivic, pourrait être attribuée à Vincent de Keridiern exerçant son droit de cuissage sur des pauvres filles sans défense. Libertinage des classes dominantes, asservissement des classes dominées. (Le manoir de Kerdiern existe encore à Cleden : Kerdiern Ar Maner).

°°°°°°

Je reviendrai sur le contenu ce cet ouvrage dans un autre paragraphe. Quittons CLEDEN pour PRIMELIN. L'inauguration de la salle de danse de Rugolva, propriétaire Jacques Gloaguen, a lieu en 1914, en début d'année. Le propriétaire a l'intention d'y organiser des bals et danses tous les dimanches . Le recteur tonne en chaire contre ce projet. Le premier dimanche de février, les danses n'auront pas lieu, mais cela ne durera pas . Bientôt la guerre !!! (archives personnelles du Médecin Général Roger Moullec).

 

 

 

 

 

 

 

A suivre Ma Bro Ar C'Hap Gwechall suite 16

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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